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Photo du rédacteurYing Yang YOGA ;)

Le yo-yo des émotions en temps de covid

Le covid (excusez moi je n’arrive pas à dire « la ») après nous avoir confiné deux fois, continue d’avoir un impact fort sur nos vies. Il est d’abord économique. Certaines professions sont à l’arrêt ou fonctionnent à bas régime (tandis que d’autres se portent très bien) : parmi elles, le professeur de yoga.

Soit vous êtes comme moi, mon métier, professeur de yoga à 100%, je fais ce que j’aime faire, enseigner le yoga.. C’est un choix que j’ai fait. Arrêter mon travail, en oct et me lancer en AE en sept 2020 pour me consacrer à ma passion et qui me permet de ne faire que du yoga : les formations ont un coût, le fonctionnement de l’association (frais bancaires, achat de petit matériel, paiement d’abonnement fonctionnement site internet, assurance, location des salles pour dispenser les cours et faire des stages quand c’était possible …). . Pour autant cela ne signifie en rien que les profs de yoga dont c’est la source de revenu aient tord ou que c’est bien fait pour eux. Le raisonnement est faux. Aujourd’hui le prof de yoga n’a pas droit au chômage sauf s’il est salarié (à priori peu de monde), a des charges (une salle, EDF, eau, impôts, TVA, abonnement divers, assurance professionnelle), peut toucher une aide en lien avec ce qu’il a « gagné » l’an passé (ce qui n'est pas mon cas) et cela ne dépasse pas forcément le millier d’euros et doit se payer pour manger et se loger. Surtout cette année 2020, ou une pandémie s'abat sur la monde entier. Donc économiquement c'est très dur.

Cet impact économique va avoir une résonance sur le ressenti du prof. Le yoga est devenu un objet de consommation. On peut dire tout ce que l’on veut, mais c’est une activité économique : donc l’élève est un consommateur, un client. Et le client a des exigences. Notamment de bénéficier de cours en présentiel ou en visio et si c’est en visio à petits prix.

Dans le même temps, le prof s’est pris les pieds dans le tapis. Pariant sur une épidémie qui ne s’installerait pas dans la longueur, le prof a d’abord donné des cours gratuits sur les réseaux : qui n’a pas vu fleurir sur you tube, zoom, facebook, instagram des cours plus ou moins longs sur internet ? Malheureusement, nous somme installés dans la longueur et la situation est devenue plus difficile : les studios ne peuvent pas ré-ouvrir, il fait trop froid pour suivre un cours dehors, les charges continuent de tomber, l’élève lui a du mal à payer maintenant, pour quelque chose dont il a bénéficié gratuitement (disons le d’où mon expression se prendre les pieds dans le tapis).

Pour suivre des cours avec des profs à l’étranger et pour voir la politique de prix pratiqué, les anglo saxons se posent moins de questions. Les cours ont lieu en zoom et les corrections de l’élève se fait par zoom. certes, il y a moins de pratiquants … quant au prix, ils sont légèrement inférieurs mais les cours ne sont pas gratuits.

Le prof a dû ou doit se confronter à l’humeur de l’élève qui souhaite réviser à la baisse du prix ( message reçu par sms de menace, oui j'appelle cela des menaces quand une élève me demande de ne pas encaisser son chèque sinon elle fait opposition!!! ce faire traiter de malhonnête parce qu'on attend de voir si la situation va se débloquer pour pouvoir reprendre les cours et parce que l'on ne rembourse pas les élèves) : l’écriture d’une politique de prix et des conditions générales de vente devient donc indispensable. Et le covid a fait directement basculer le prof de yoga qui exerçait sa passion sans pression économique dans le dur monde des affaires et de la concurrence économique. Ce qui antinomique me direz vous. Beaucoup ont quitté leur job car ils ne se reconnaissait plus, parce que ce monde concurrentiel les dégoutait. Et je les comprends. Et là, beaucoup se retrouvent dans cette situation. Certains professeurs pensent que la crise du covid va assainir le marché (parce que oui, soyons bien clair il s’agit d’un marché et on ne peut s’éloigner d’une logique mercantile).

C’est dur de se dire qu’en donnant des cours de yoga on est dans une logique mercantile. C’est vrai mais il s’agit de sa source de revenus, le yoga n’étant pas à ce moment là un simple hobby ou passion. La différence se verra alors dans l’authenticité du prof, son ouverture, sa façon d’agir.

Soyez certains que le prof est un être humain : sa situation économique va forcément avoir un impact sur ses émotions. Sur les réseaux sociaux, je lis beaucoup de désespoir et d’incompréhension. De colère, de rage et de rancœur. Et puis le baromètre intérieur fait le yoyo. la résistance à l’atmosphère morose générale s’effrite. Comment garder la banane tout le temps ? Comment offrir un support à ses élèves sans y perdre sa propre énergie ?

On ne cesse de dire que la santé mentale devient un enjeu majeur de cette crise. Pour autant rien n’est fait pour mettre en valeur le rôle de ceux qui peuvent aider. C’est un peu comme pour tout. D’abord la guerre après on soigne les blessés. D’abord travailler et ensuite on s’occupe du bien être au travail. Depuis toujours on est engoncé dans cette dialectique à sens unique. J’aime beaucoup une phrase que m’a dite mon osthéo, prof de yoga lui même : « l’ostéopathie n’est qu’un sparadrap ». On ne s’attaque pas à la racine du problème qui est un problème sociétal : l’économie avant tout, l’humain passe après. Alors on fait des mesurettes, on sort le porte-monnaie. Qui est prêt à réformer la société en profondeur pour sortir du tout concurrentiel, de l’idée sacro sainte qu’il faille travailler 70 heures par semaine pour être « bon », qu’il faut décrocher son téléphone à 18h passé ou le weekend ou pendant ses vacances pour répondre à son patron. Qui est prêt à revenir sur la performance ? Sur l’idée de fainéantise ? Du mérite ? C’est quoi être méritant ? Oui ! vous allez toujours me trouver l’exemple de celui qui n’en fout pas une. Bien sûr… Mais pour autant, considérez les stéréotypes que vous avez en tête. Dur de lâcher à ce propos … On parle ici de bienveillance, et la bienveillance commence par le non jugement. Difficile …

Le yo-yo émotionnel arrive à tout le monde et c’est difficile de rester à l’écart, de ne pas vivre ses émotions. Même pour un prof de yoga car l’ego est toujours là, quelque part. On juge. Malgré tout ce qu’on a fait, les heures de méditations les lectures, les stages sur le lâcher prise, que sais-je encore … J'avoue avoir eu des passages difficiles pendant cette période, car on perd des élèves qui décrochent car ils ne veulent pas se remettre sur l'ordinateur en fin de journée car ils ont bossés 8 h dessus toute la journée, parce que les enfants sont présents..... Mais je reste positive, et garde espoir que nous puissions nous rattraper pour la saison 2021/2022.

Je n’ai pas de solution hormis activer encore et encore la bienveillance et quand on se sait au creux de la vague, se tourner vers son tapis, une oreille, un poème pour repartir encore plus vaillant et fort, fort de cette expérience qui fait de nous des êtres humains. Juste des êtres humains.


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